hopefully ( ft. algoras )

Ça t’arrangeait clairement que d’être de service ce soir, tu t’étais même proposé de toi-même il y a quelques semaines, dès que t’avais entendu parler de l’organisation d’une espèce d’apéritif dinatoire au sein du Ministère. Aucune envie d’y participer particulièrement, tu te connaissais pour savoir que t’aurais juste collé ton frère le plus possible, sans prendre la peine d’aller vers qui que ce soit d’autre, adressant certainement pas plus de deux phrases à ses amis. Alors tant qu’à faire, t’avais échangé ton shift avec la personne qu’on avait désignée, qui elle était bien heureuse de pouvoir y aller. Si ça arrangeait tout le monde en plus de ça, pourquoi vous en priver. T’étais bien mieux dehors que d’être agglutiné avec eux, ça ne faisait aucun doute. Ce n’était pas forcément plus calme le soir, mais c’était plus simple lorsque tu pouvais ne pas travailler en binôme et faire un peu ta vie comme tu l’entendais.

Presque naturellement t’étais allé vers Carbone-les-mines. Déjà parce que c’était l’endroit qu’on vous demandait le plus de surveiller à cette heure-ci, histoire de vérifier que le couvre-feu soit correctement respecté, et qu’il n’y ait aucun quelconque mouvement de révolte non plus. Jusqu’à maintenant tout était resté sous contrôle, et la plupart des créatures que t’avais croisées au début avaient plus l’air de te craindre qu’autre chose sans que tu fasses quoique ce soit. Depuis quelques semaines, ça avait pas mal changé. T’avais commencé par juste fermer les yeux lorsqu’un vampire avait essayé de franchir la limite du quartier hors des heures. Tu t’étais dit qu’il n’avait pas forcément dû te voir, et tant mieux, mais t’avait retrouvé pour te remercier lors de ta ronde suivante.

T’aurais pas pensé que ça te touche autant, mais la manière dont il avait pu le dire, le fait que d’avoir juste tourné le dos au bon moment pour lui semble avoir eu autant d’impact, ça t’avait fait un minimum réfléchir. Petit à petit c’était devenu en quelque sorte ton contact. Tu ne pouvais décemment pas commencer à aller voir toutes les créatures, ou les laisser venir à toi comme bon te semblait pour te contacter, autant que ce soit une seule et unique personne, il était devenu le relais, se renseignant auprès des habitants du quartier pour savoir ce dont ils avaient besoin et te le transmettait par la suite. Bien évidemment, la plus grosse demande se trouvait dans les cartes d’identités falsifiées, mais ça ne se trouvait pas au premier coin de rue. Tu voulais bien aider mais non plus massacrer ta carrière et ta vie en fait tout bonnement. Il fallait que ça reste un minimum discret, alors il t’arrivait souvent de t’arranger avec le vampire pour le laisser passer et qu’il s’occupe des cartes en question.

Ce que vous faisiez ce soir d’ailleurs, tu lui avais donné les endroits où tes collègues étaient censés faire leur ronde, pour qu’il puisse mieux les éviter et vous étiez repartis chacun de votre côté, comme si de rien était. Ceci dit, t’avais à peine fait quelques pas que quelqu’un était arrivé vers toi, te faisant hausser un sourcil. Peut-être une autre créature qui avait besoin de quelque chose ? à cette heure-ci, ça ne t’étonnerait pas. Mais sa question t’avais directement fait penser l’inverse et te mettre sur tes gardes. Il semblait surtout d’être un sorcier lambda ayant intercepté votre échange, ou en tout cas l’ayant remarqué. Ça puait plus que la merde si il avait entendu quelque chose. C’était pas la peine de céder à la panique, en tout cas pas tout de suite. Tu t’étais vaguement retourné vers le vampire qu’on ne voyait déjà presque plus au loin. « …Lui ? Vous avez dû mal comprendre, je l’ai dégagé parce qu’il voulait absolument y rentrer alors qu’il avait rien à foutre là, c’est un civil. » sait-on jamais que le mensonge passe directement, bien que t’en doutais là tout de suite, ça valait le coup d’essayer. « Vous feriez mieux de vous éloigner d’ici d’ailleurs on ne sait jamais sur qui on peut tomber par ici et c’est loin d’être un des endroits les plus sûrs qu’on puisse trouver. »

C’est qu’il a l’air de beaucoup de chose pour le moment, ton nouvel interlocuteur, mais certainement pas de te croire sur parole. T’aurais préféré franchement, qu’il te croit sur parole et reparte bien tranquillement sans chercher à savoir plus. Bien évidemment, il fallait qu’il connaisse le vampire en question, t’aurais pris ça pour du bluff si il ne connaissait pas son prénom. Tu t’étais indéniablement tendu, comment t’aurais pu éviter ? T’allais pas tout lui déballer maintenant, t’avais plus de conviction que ça. Heureusement d’ailleurs, t’aurais pas été très loin sinon dans la vie. Tu t’étais repris, finissant par hausser un peu les épaules. « Vous avez dû mal voir dans l’obscurité, je ne sais pas qui est ce Philip mais certainement pas lui. » t’informerais quand même le vampire de votre échange, que vous puissiez raconter la même chose et être crédible, qu’il prétende au moins ne pas te connaître, ça serait mieux pour tout le monde, surtout pour toi. La prochaine fois tu ferais certainement plus attention à ce qui pouvait vous entourer, trouver un autre endroit que celui-ci. Le pire c’est qu’il continue d’insister, il n’avait pas l’air de vouloir démordre. Déjà que t’aimais assez peu parler aux gens normalement, là, c’était encore moins le cas. Visiblement il avait l’habitude de venir par ici, ou en tout cas de se soucier de ce qui pouvait s’y passer. Ce qui n’était pas des meilleurs pour toi.

« C’est ce qu’ils essayent de faire croire pour mieux appâter les gens et arriver à leurs fins. Si vous n’êtes en plus pas là pour vous balader, vous feriez mieux de rentrer tout de suite avant de vous attirer des problèmes. » le but n’était pas de le menacer, juste qu’il lâche l’affaire au final. Quitte à mentir sur ce que pouvaient être les créatures, ce n’était pas comme si tu le pensais non plus alors c’était un peu le dernier de tes soucis. Ils ne t’en voudraient pas non plus. T’arrivais pas à savoir ce qu’il valait mieux que tu fasses dans l’immédiat, si tu devais finir par céder et lui dire, ou pas du tout. Peut-être qu’il valait juste mieux continuer de faire comme si t’étais là que pour faire ton travail. T’avais envie de lui faire confiance dans un sens mais ce serait stupide de le faire aussi rapidement. Tu voyais bien qu’il essayais de te rassurer, mais ce n’était pas forcément réussi, bien que tu savais que ça ne dépendait que de toi pour le coup. Ça devait sans doute se voir que tu stressais de toute manière. « Il n’y a rien de compromettant à divulguer, je vous l’ai dit. Je fais ce qu’on me demande, c’est tout. Bon, vous voulez que je vous ramène chez vous ? à ce rythme-là vous allez vous attirer des problèmes. »

Si t’essayais d’en éviter aux Créatures, t’allais pas en attirer à un sorcier qui n’avait rien fait. Tu ne t’attendais pas à ce qu’il te propose comme ça une cigarette. T’aurais pu te méfier mais il venait d’en prendre une lui-même alors t’avais un peu haussé les épaules avant d’en prendre une en le remerciant à moitié en grognant, t’avais pas envie qu’il pense non plus qu’il pourrait t’acheter de cette manière.

Maintenant il suffisait de prier à ce que cet homme ne soit pas legilimens, sinon tu serais totalement mal barré. Bien qu’au fond, il pourrait raconter ce qu’il voulait au Ministère si ça lui chantait, tu savais pertinemment que tu serais celui qu’on croirait directement après tout. Avec ton père et ton frère en plus qui y travaillaient, il n’y avait pas trop à se faire, sans compter que tu n’avais jamais fait de remous ni quoique ce soit au préalable, ils penseraient qu’il voudrait juste te couler pour x ou y raison. Puis il te suffirait de ne plus faire quoique ce soit en faveur des créatures pendant quelques semaines, le temps que l’affaire se tasse et tout reviendrait comme avant, non ? Vous n’en étiez pas là heureusement, il avait même l’air de bien vouloir admettre avoir eu tort au préalable. Maintenant, peut-être qu’il disait ça pour aller dans ton sens et qu’il n’y croyait pas du tout, ce serait bien possible. Tant pis, vous étiez lancé de la sorte t’allais continuer et pas faire marche arrière, ce serait ridicule en plus d’être contreproductif.

T’avais un peu grogné en acquiesçant, partie entière d’un langage que t’avais adopté depuis des années à laquelle ton entourage semblait s’être habitué, peut-être pas le reste ceci dit mais c’était leur problème, pas le tiens. T’en avais quand même un autre plus gros là tout de suite en plus de ça, essayer de l’éloigner et de lui faire oublier ça, tout simplement. Ce n’était pas dit que ça marcherait mais t’allais quand même essayer. Il avait sûrement une bonne raison de se retrouver ici, tu pourrais essayer de chercher si tu reviendrais à le recroiser à l’avenir. Faudrait pas qu’il te reprenne à faire affaire avec le vampire à ce moment-là. Ce serait bien plus dur pour ta part d’argumenter à ce moment-là.   « Ils sont pas tous comme ça, c’est certain, mais en majeure partie ils n’ont pas bien pris la nouvelle et ça se comprend. Mais leurs emportements sont…plus dangereux que les nôtres. » tu racontais connerie sur connerie, t’avais rarement croisé des gens plus sympas que ces créatures. Ils l’étaient sans doute parce que tu les aidais, certes, mais ça ne changeait pas grand-chose.

Sauf que c’était dans ton intérêt de dire l’inverse là tout de suite, même si tu ne t’en sentais pas spécialement bien non plus. Il avait bien dû le remarquer, étant donné qu’il venait de le relever. T’avais un peu baissé le regard, si t’esquivais la remarque, ça allait certainement être pire que tout. T’avais de nouveau haussé les épaules, l’air de rien, désignant du menton le quartier à côté duquel vous étiez. « C’est…tout ça, on sait jamais sur quoi on va tomber…ni sur qui. C’est notre travail aussi de…veiller sur le reste de la population. » pas le but initial non plus, encore moins celui des oubliator, mais ça ne te dérangeait pas tant que ça, tu ne t’étais jamais ramené d’ennuis d’une manière ou d’une autre, pour le moment.  On ne savait jamais comment ça pourrait terminer ou tourner.

Vous vous étiez assez rapidement mis en route, l’écoutant quand même au passage, bien que t’aurais été capable de marcher tout le trajet sans parler. T’étais extrêmement peu loquace, même si tu pouvais tenir une conversation, c’était pas impossible. T’avais appris au fil du temps. « Quelques-unes oui, mais…il y a souvent un effet de masse lorsque quelqu’un s’y essaye, c’est surtout ça qui est plus compliqué à gérer. » le reste, tant que vous arriviez à en avoir un, il suffisait en quelque sorte de le donner au Ministère, c’était pas à vous de les juger non plus. Tu ne t’amusais pas à aller voir les conséquences non plus. « Certes, mais faut se dire que c’est…pour un bien. » t’y croyais tellement peu que t’en avais soupiré.